Lucy commente les photos

Avant de quitter plumanac’h je prends le temps d’admirer la magnifique plage de Saint Guirec. Elle est parsemée d’énormes blocs de granit empilés les uns sur les autres faisant penser à des géants, et son accès à la mer est barré par un château émergeant de l’eau sur son îlot. C’est une vue extraordinaire que les photos peinent à rendre. Je suis d’humeur joyeuse et plein d’espoir pour le temps car un coin de ciel bleu et quelques rayons de soleil frayent leur chemin au milieu des nuages. Le temps de musarder sur la côte dentelée, Landrelec, Penvern, Trebeurden et me voici après 40km à Saint Michel en Grève et sa grande plage. Regardez bien le gros nuage sur la photo en début de page. C’est celui que je vais prendre sur la tête sans tarder. Comme il vient vers moi je vais vers lui! Normal c’est la façon la plus rapide d’accéder au soleil qui le suit inéluctablement. Et puis je voulais voir le petit port de Locquiner, longer ces belles côtes jusqu’à La Diben. Et bien non ça ne s’est pas passé comme ça, pas de soleil derrière le nuage. La météo annonçait de rares averses elles furent rares car il n’y en a eu qu’une… mais longue puisque je l’ai prise sur la tête durant 4h jusqu’à Morlaix! Et que le lendemain matin ça durait encore! Ça vous gâche la fête c’est pénible et un peu dangereux avec les voitures même si ça fait partie du jeu! Et puis j’y ai laissé mes chaussures mascottes qui avaient fait plus 5000 km avec moi. Snif….

Comme le temps est le même le jour suivant je décide de modifier mon parcours en prenant mon ami le TER pour faire les 30km qui me séparent de Roscoff et de réaménager les deux étapes suivantes pour rallier Brest où je retrouverai mon ami Donat. Dans le train une bonne dizaine de cyclistes vaincus par les éléments, comme moi. Les bretons eux ont bien intégré la pluie dans leur vie. Plus ou moins équipés de cirés ou d’imperméables il vaquent à leurs occupations comme si de rien n’était, même les enfants.

Tiens puisque j’ai un peu de temps dans mon hôtel vue sur la mer de Roscoff et que suis d’humeur badine je vais vous raconter l’histoire des pistes cyclables à la française. Vous voyez un peu partout à grand renfort d’affiches et de panneaux, de site web « véloroute plages du débarquement-Mont Saint Michel », « EuroVelo 4 de Roscoff à Kiev » (rien que ça)
N’en croyez rien ce ne sont que des bouts de machins disséminés de ci de la. Ni fait ni à faire. Vous commencez plein d’espoir à suivre un panneau prometteur et au bout de quelques kms, parfois centaines de mètres ça s’arrête et vous abandonne, là au bord d’une route ou d’un chemin. D’autres fois des carrefours sans panneaux ou des panneaux sans carrefour! C’est à s’y perdre et je m’y perd car je n’ai pas les plans et pas forcément les traces GPS. Ça sent les projets « éco tourisme » destinés à aller chercher des subsides à l’Europe mais mis en œuvre par des incompétents. Du coup je ne me fie qu’à … mon openrunner.

Je me dis que si en 39/40 ces experts avaient sévis, jamais les allemands ne seraient arrivés à Paris. On aurait retrouvés les fiers soldats du Reich perdus, hagards, barbus, déprimés au gré des chemins et des villages vaincus par le génie français. À quoi ça tient une guerre tout de même!

37-38 Ploumanac’h-Morlaix-Roscoff